Extrait de Kaboul Café
(Narrateur masculin)
L’Exposition
Galerie d’art,
le vernissage de mon exposition photographique.
Une foule de gens sur invitation déambule
cocktails en mains.
Décortiquer les sourires et les phrasés culturo-intello
tenant d’une jactance balistique au snobisme éthylique.
Ainsi, ce couple planté devant ce cliché flou
comme un trou noir galactique.
J’écoute…
« C’est un discours ! Une mise au défit artistique !
Sidérer l’instant avec une telle dimension intemporelle !
C’est purement Gigantesque, n’est-ce pas chérie » !
Ces acéphales ont payés cash 10 000€ pour ma photo.
Jouissif:
Ça aurait été amusant de leur expliquer l’oubli
du cache ce jour-là sur mon objectif.
Extrait de Kaboul Café
Le Palais indien
Au fond du palais vide éclaboussé de sang pétales
je voulais miennes les nuits si pleines de ton absence,
mais quand ton parfum me manquait trop,
je relisais dans le silence encore tressé de nos longs bruissements
quelques vélins de mes ouvragés poèmes nés
du venin de ton langage.
Cendrine Starck
Extrait de Kaboul Café
(Narrateur féminin)
L’absinthe
Dans tes yeux la flamme bleue danse.
L’ambroisie que je goûte sur tes lèvres se mélange à mon trouble.
L’élixir couleur de jade prend feu, se mire et se dissous…bleu.
L’alcool de ta bouche coule dans mon corps.
L’absinthe est notre captive ce soir.
Ivre d’unir sur une cuillère dentelle d’argent,
nos cœurs en funambules équilibres… espoir.
Un verre qui mêle nos mains dans un arôme d’orient.
Verte est l’eau de la vie qui illumine nos corps incandescents.
La féerie s’ouvre sur l’œuvre que forge nos vœux.
Dans mes yeux la flamme bleue danse.
L’absinthe et les cieux…
Nos âmes liées en fer de lance
dans un langoureux vertige des sens.
Extrait de Kaboul Café
Extrait de Kaboul Café
(en hommage au superbe “the Great Gatsby” de F. Scott Fitzgerald)
Les Amours d’Albert Gants
Dans un hall aux lumières tamisées
et aux rideaux bouillonnés se tenait
sur le guéridon marqueté, un chandelier qui parlait
sept branches avec des bougies de savoir enflammées.
Plus loin, la bibliothèque dissertait en perse
mais n’entendait rien au latin et s’ouvrait
sur un bureau en capharnaüm princier.
Savamment étudié, derrière le bureau empire
disparaissait un passage secret
sous une antique fresque couleur de grès.
Mais le plus splendide était sans nul doute
la verrière victorienne de style
dont les plantes ébouriffaient leurs luxuriances
ivres de soleil, de chaleur et de pleine lune.
Et là, au milieu, trônaient le noir piano à queue,
les invités et le propriétaire des lieux.
Toute la jet set de Long Island en habit de soirée
était au complet chez Albert Gants.
Le champagne à flot coulait autour des danseuses de Ragtime.
Elles s’agitaient sur les tables dans un rythme effréné
un verre dans une main et tenant de l’autre
dans un éclat de rire leur sautoir en perles de nacre
qu’elles faisaient virevolter comme endiablés.
Au Black Jack on jouait et les havanes on fumait.
Ça piaillaient et on s’étreignait à s’étouffer.
Sous les pieds, le plancher menaçait de s’écrouler.
Mais d’autres avaient des masques de chair triste
comme le propriétaire des lieux
devant son révolver
la main fiévreuse et les pensées filamenteuses.
Il éclusait le champagne accoudé au balcon de pierre.
Il éclusait comme on se jette d’un dernier étage
sans s’attarder sur le paysage
ni faire sa prière.
Il est des meurtrissures de la chair
que certains ne libèrent.
La soirée repartait à la hausse.
Sur les murs les ombres mouvantes des danseurs
composaient un ballet enflammé
qui contrefaisait la danse des vivants.
Mr Gants, champagne en main, quitta des yeux
les précipices et les révolvers
pour reprendre d’un sourire las
la parodie de la vie
sur un air de Ragtime
mais, le cœur en débris.
On ne sut jamais
quelle femme avait ainsi triomphé de ses pensées.
Seule, l’ombre en dentelle d’une blonde lady
laissait supposer que de cette soirée
elle en avait été la si mystérieuse invitée.
C’est ainsi qu’Albert Gants
entra dans la légende
comme le bel homme riche et triste
Extrait de Kaboul Café
Antre Fœtale
Dans le silence des pierres
maçonnées de brouillard coagulé,
s’éclaire, l’âme d’un harassé de la vie en prière.
Maison tanière
où, il est doux et chaud
de se réfugier
en cet antre qui fut son berceau.
Mémoire impressionniste
d’un vase clos
qui, deviendra sa crypte
en un incipit & excipit
château.
Extrait de Kaboul Café
Dolicrâne Opéra
Sharpen my nerves and find the key,
shrilling violin of my pain.
The white flashes inside me
are a fire in my brain
who chop my thoughts like a knife
on a concerto of tears and sighs.
Traduction:
" Hymne au doliprane"
Aiguiser mes nerfs et trouver la clé,
strident Violon de ma douleur.
En moi les éclairs blancs
sont un feu dans mon cerveau
qui hache mes pensées comme un couteau
sur un concerto de larmes et soupirs.
Extrait de Kaboul Café
Frida Kahlo
Femme sublime au regard noir d’amazone,
jeunesse dévorée,
de la souffrance d’un corps meurtri
elle s’est embellie d’une implacable beauté.
Habillée en Téhuana, un rebozo sur ses frêles épaules,
De savants chignons nattés
de fleurs et de rubans en font sa singularité,
féminine jusqu’au rouge de ses ongles parfait.
Fine silhouette indienne, muse de Coyoacàn,
la belle indigène peint,
façonne de son pinceau un luxueux univers de magie,
de verdoyante nature qui l’agrippe
comme son singe Fulang-Chang et ses oiseaux de paradis.
Autoportraits aux mille expressions d’une vie,
elle peint sa destinée
où chaque Rivière de larmes est un Diégo,
où chaque diamant est un baiser de sa bouche.
Tant de violence et de douceur
dans ses tableaux.
Comme le sang précieux de sa vie,
figé au vernis.
A vous, chère Frida
Extrait de Kaboul Café
(Narrateur masculin)
Outdoors Psychédélique
La fillette aux bonbons colorancérigènes
m’emmène dans les vastes collines
de coquelicots écarlates, rouges de gemmes.
Vrille pivotation de pavots
dans une déclinaison multicolore de sons.
D’un geste, lance dans les airs au lasso
myriades de bulles de savon
qui éclatent à mes pieds
et me font frissonner.
Explosion kaléidoscopique rouge passion.
La fillette aux bonbons
m’enlève d’un colorancérigène baiser
vers les collines rouges enneigées
dans l’outerspace féérique
d’un bonbon
à l’arôme chimérique.