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Kaboul Café (Poésie Humaine, Histoires terriennes)
10 décembre 2013

Extrait de Kaboul Café

 

 

(en hommage au superbe “the Great Gatsby” de F. Scott Fitzgerald)

Les Amours d’Albert Gants

1292856

 

Dans un hall aux lumières tamisées

et aux rideaux bouillonnés se tenait

sur le guéridon marqueté, un chandelier qui parlait

sept branches avec des bougies de savoir enflammées.

 

Plus loin, la bibliothèque dissertait en perse

mais n’entendait rien au latin et s’ouvrait

sur un bureau en capharnaüm princier.

Savamment étudié, derrière le bureau empire

disparaissait un passage secret

sous une antique fresque couleur de grès.

 

Mais le plus splendide était sans nul doute

la verrière victorienne de style

dont les plantes ébouriffaient leurs luxuriances

ivres de soleil, de chaleur et de pleine lune.

 

Et là, au milieu, trônaient le noir piano à queue,

les invités et le propriétaire des lieux.

 

Toute la jet set de Long Island en habit de soirée

était au complet chez Albert Gants.

Le champagne à flot coulait autour des danseuses de Ragtime.

Elles s’agitaient sur les tables dans un rythme effréné

un verre dans une main et tenant de l’autre

dans un éclat de rire leur sautoir en perles de nacre

qu’elles faisaient virevolter comme endiablés.

 

Au Black Jack on jouait et les havanes on fumait.

Ça piaillaient et on s’étreignait à s’étouffer.

Sous les pieds, le plancher menaçait de s’écrouler.

 

Mais d’autres avaient des masques de chair triste

comme le propriétaire des lieux

devant son révolver

la main fiévreuse et les pensées filamenteuses.

 

Il éclusait le champagne accoudé au balcon de pierre.

Il éclusait comme on se jette d’un dernier étage

sans s’attarder sur le paysage

ni faire sa prière.

Il est des meurtrissures de la chair

que certains ne libèrent.

 

La soirée repartait à la hausse.

Sur les murs les ombres mouvantes des danseurs

composaient un ballet enflammé

qui contrefaisait la danse des vivants.

 

Mr Gants, champagne en main, quitta des yeux

les précipices et les révolvers

pour reprendre d’un sourire las

la parodie de la vie

sur un air de Ragtime

mais, le cœur en débris.

 

On ne sut jamais

quelle femme avait ainsi triomphé de ses pensées.

Seule, l’ombre en dentelle d’une blonde lady

laissait supposer que de cette soirée

elle en avait été la si mystérieuse invitée.

C’est ainsi qu’Albert Gants

entra dans la légende

comme le bel homme riche et triste

                                      jngakxls... aux folles soirées.

 

 

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  • En tant que femme, j’ai trouvé intéressant de me placer dans la peau du sexe opposé. Ainsi, certain de mes poèmes et récits ont pour narrateur un homme. Ma vision des rapports hommes-femmes s’est ainsi enrichie de surprenantes aventures à double-sens.
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